Where have you gone, monsieur Pickwick ?

29 Mai 2014 § 1 commentaire

Pickwick-Papers-serial-coverDes charlatans, des escrocs, des idiots, voici pour l’essentiel l’impitoyable casting réuni pour Les aventures de monsieur Pickwick. Il est si bon, lui, si naïf – ce qui n’exclut pas une dose d’extravagance. Hélas, chacune de ses initiatives tourne à la catastrophe.

Don Quichotte grassouillet, aussi maladroit que généreux, Pickwick croise fort heureusement la route de son Sancho Pança, le gouailleur Sam Weller. Sans lui, Pickwick n’aurait pas connu ce succès. Et jusqu’à l’apparition du valet, dans la cour d’auberge où il cire les chaussures en commentant la vie avec philosophie, Dickens ne semble pas bien savoir où il mène son héros, entre épisodes comiques et contes cauchemardesques.

Pickwick et Sam

Monsieur Pickwick rencontre Sam, l’ébouriffé du galurin.

L’arrivée de Sam est une évidence. Dès son entrée en scène, on est pris. Avalanche de personnages, rebondissements innombrables, intrigues secondaires multiples, le récit s’ébouriffe à la rocambolesque.

Pickwick et arabella

Pickwick, roi de l’escalade !

Les papiers posthumes du Pickwick club parait en vingt épisodes entre 1836 et 1837. Charles Dickens entre en littérature, il a 24 ans. À cette époque, l’enthousiasme tient du phénomène. On se cotise pour acheter le journal, on le lit, le relit, on se récite par cœur les mots de Sam Weller.

Là, maintenant nous avons l’air d’être condensé et confortable, comme disait le père qui avait coupé la tête de son petit garçon pour l’empêcher de loucher.

Sans Sam et Pickwick, je me serais beaucoup ennuyée à dix ans. Ce couple loufoque m’a sauvée des journées pluvieuses, des couvre-feux précoces et autres désagréments de la jeunesse. Pourtant en le relisant aujourd’hui, j’ai compris qu’il avait fait bien plus…

procès Pickwick

L’inique procès de monsieur Pickwick !

Comme les enfants, Pickwick a une vision du monde fort claire (ce qui est injuste n’est pas juste) et ses ambitions dépassent ses capacités (il veut mais ne peut pas, en dépit d’efforts démesurés). Et dans son impuissance, il oppose aux persécutions une touchante dignité. Plus il est malmené, plus il est admirable… Ce gentleman m’a consolée de bien des injustices. J’ai soigné avec lui de cuisantes blessures d’amour propre, compris la grandeur dans le ridicule, accepté les dangers de l’optimisme. J’estime que tous les enfants devraient pouvoir en faire autant.

M’expliquera-t-on alors pourquoi on ne peut dénicher aujourd’hui une édition décente de ses aventures qui leur soit destinée ?

Je ferai mieux la prochaine fois, comme disait la petite fille qui avait noyé son frère et égorgé son grand-père.

Les aventures de monsieur Pickwick, Charles Dickens, d’occasion chez Omnibus, ou dans La Pléiade.

malo-de-langeÀ lire absolument, la série des Malo de Lange, où l’auteur qui a sans doute beaucoup fréquenté Pickwick, offre à son héros de délicieux aphorismes qu’on croirait tout droit sortis de la bouche de master Weller :

Dans la vie, il y a des hauts et des bas, dit celui qui montait les escaliers pour se jeter du cinquième étage.

Malo de Lange fils de voleur, Malo de Lange fils de personne, Malo de Lange et le fils du roi, Marie Aude Murail, L’école des Loisirs – à partir de 9 ans.

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§ Une réponse à Where have you gone, monsieur Pickwick ?

Une cerise sur mon gâteau ?

Qu’est-ce que ceci ?

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Méta