Le chant de la mer
20 avril 2015 § 15 Commentaires
Ah oui ! je fais un métier formidable.
Depuis la semaine dernière, je prépare l’écriture d’un nouveau projet en visionnant des films.
Parmi ceux-ci, une merveille : The song of the sea, de Tomm Moore, à qui nous devons déjà l’excitant Brendan et le secret de Kells.
Comment ai-je pu rater ce film à sa sortie ? Tout simplement en tombant dans une faille spatiotemporelle au cours d’une résidence d’écriture avec congrès de chouettes.
J’ai donc rattrapé mon retard, et suivi les aventures de Saoirse (Maïna dans la version française, on se demande bien pourquoi) et son frère Ben dans une Irlande enchantée.
Saoirse est une Selki qui s’ignore.
Quand son frère le découvre et réalise que, privée de sa pelure d’oignon, elle va dépérir entrainant avec elle la fin du petit peuple, il se lance dans une course contre la montre et affronte ses plus grandes peurs.
Pour les ignares (qui n’ont pas lu comme moi L’île de Nera d’Elizabeth George, hu hu) je précise que les Selki sont des créatures légendaires mi-femmes mi-phoques.
Vêtues de leur poilure blanche (ou noire, ça dépend des goûts), elles se métamorphosent au contact de l’eau.
Sur le très joli site du film, on découvre le tragique point de départ de l’histoire… (Mais que fait Brigitte Bardot ? Vous le saurez en accompagnant Ben !)
Pour vous faire envie, la bande annonce en anglais (bicoz la française est cucul) :
Sur ce, je vous laisse, je dois réviser Le monde de Nemo. L’Ado n°1 a sauté de joie en entendant ça. Crotte ! Il va encore squatter mon canapé en dévorant tout mon pop corn.
Le chant de la mer, de l’enthousiasmant Tomm Moore, 2014.
À partir de 6 ans, l’âge des manteaux de fourrure. (Je blague.)
3 femmes et un fantôme
11 avril 2014 § Poster un commentaire
Pourquoi choisit-on un livre plutôt qu’un autre ? Dans ce cas précis, le mot fantôme n’est évidemment pas étranger à l’affaire.
Ai-je mentionné avoir déjà eu maille à partir avec un fantôme dans un château en Dordogne ? Pourtant je ne crois pas en eux. Toutes ces histoires, ce n’est pas sérieux.
D’ailleurs comment prendre au sérieux des créatures assez stupides pour apparaître à quelqu’un qui va leur rire au nez, vu qu’il ne croit pas en eux. (Vous me suivez ?)
Autant vous dire que la nuit de mon fantôme, j’ai bien ri. Et le lendemain matin j’ai plié bagage. À mon avis, les vacances sont faites pour se reposer, pas pour passer des heures à glousser à gorge déployée au nez d’un ectoplasme.
Pour en revenir à ce roman où le cocasse, à défaut du rire, surgit souvent, il y est beaucoup question de l’enfance et du lien maternel. Quant au fantôme, Irlande oblige, on ne se pose même pas la question de son existence, il est là, un point c’est tout. Et il joue un rôle émouvant, dans une mise en abîme générationnelle ingénieuse. Pour ne pas gâcher le plaisir, je dirai seulement qu’il forme avec les 3 femmes du titre une lignée fantasque – dont l’aînée est de beaucoup plus jeune que sa fille – réunie pour affronter une mort.
Elle s’endormait souvent en comptant les voitures. C’est pourquoi elle gardait ses rideaux ouverts. Et ce soir-là, c’était encore plus intéressant parce que la femme que Mary avait rencontrée dans la journée était assise dehors, sur l’appui de la fenêtre.
Le récit à quatre voix prend son temps. Le temps d’observer et de ressentir, de poser des questions inattendues ou longtemps retenues, d’écouter, de répondre, et de vivre des moments saugrenus (quand le fantôme, parti chercher une glace pour les trois autres dans une boutique fermée, ressort par la cheminée parce que les glaces, contrairement à lui, ne peuvent traverser la porte)… Roddy Doyle aborde avec humour, franchise et délicatesse des thèmes difficiles. L’amour qu’il porte à ses personnages ne le conduit pas forcément à leur faciliter la vie… Au moins rendra-t-il la mort plus douce.
Hé, les fantômes ! Si vous voulez me convaincre, la prochaine fois apportez des cornets pistache chocolat.
3 femmes et un fantôme, Roddy Doyle, Flammarion, 2013
À partir de 13 ans et jusque dans l’au delà.










