Sur mon mur
1 décembre 2015 § 12 Commentaires
Les rues se festonnent de guirlandes, les barbes blanches fleurissent, le salon du livre jeunesse s’installe à Montreuil : décembre est là !
Décembre est un mois très apprécié : on y fête l’anniversaire de mon chéri.
Et Noël aussi.
J’ai trouvé quelques cadeaux. Mais bon surtout pour moi. Comme disait ma grand-mère (et la votre aussi j’en suis sûre) :
On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même !
Merci, mémé ! N’écoutant que cette voix, et non celle de l’Auteur qui rouspète en consultant les comptes sur son iPhone (quelle gloubache, ce truc !) je me suis offert un chouli tirage d’Isabelle Arsenault :

Ça me rappelle les affiches posées pour Veuveu.
Et pendant que j’y étais, ce beau bouquet de Matt Forsythe :

Veuveu s’était caché chez le boulanger !
Alors où que donc, vous demandez vous ?
Sur ton mur, mes caramels ! Et il me semble qu’il y a là de délicieux cadeaux à répandre autour de soi, n’est-ce pas ?
Ce superbe automne de Michel Rabagliati, par exemple :

On l’a cherché partout partout sauf là où il était…
Ou la Mary Poppins de Geneviève Godbout (message subliminal à l’Auteur)

Heureusement on mangeait des chocolatines tous les jours !
Et un peu tout Élise Gravel avant qu’ils ne soient épuisés (ah oui, ça se fatigue vite sur ce mur, parce que les tirage sont very limités) :
J’en profite pour vous recommander le dernier livre du génial Michel Rabagliati (coucou mon colonel, grâce à toi j’adore Paul, quelle copieuse !) :
Nouvelle aventure de Paul, retour à l’adolescence, dans les années 70… L’amour, les virées entre copains, la première cuite, tout y est, en VO québécoise, drôle et sensible évidemment, é-bou-ri-ffant !
Paul dans le Nord, Michel Rabagliati, La Pastèque, tout frais paru !
Sur ton mur, galerie d’art en ligne, vend des impressions en tirages limités et des œuvres originales d’illustrateurs québécois, ça tombe bien je les ❤ ! La livraison est rapidissime (et gratuite en ce moment on dirait).
Chantefleurs rue de Verneuil
14 juin 2015 § 2 Commentaires
Ce matin en rentrant du marché, je passe rue de Verneuil, où nos garçons allaient à la maternelle.
Quelle chance ! Non seulement l’école était incroyable, avec son jardin intérieur, mais la maitresse de petite section était une femme géniale. Elle faisait de chaque jour une fête.
Elle est désormais à la retraite.
Son esprit s’attarde encore sur les lieux, à en croire la déco extérieure.
Mais peut-être les maîtres et les maitresses de petite section sont-ils toujours tous fantastiques !
Le narcisse et la jonquille, tiré de Chantefalbes et Chantefleurs, Robert Desnos (poèmes) & Laura Guéry et Julie Wendling (illus), Grund 2010
J’ai trouvé le chagrin
3 mai 2015 § 1 commentaire
Une femme attend un homme, un homme qu’elle appelle monsieur Bonnard, qu’elle aime et qui doit la peindre.
Cet homme ne vient pas, elle se déshabille.
Elle l’attend. Encore. Et encore…
Elle dit :
Monsieur Bonnard, on est en droit de se demander ce que vous branlez !
Elle prend un bain… Elle prend la pose.
Qu’est-ce qu’elle est belle ! Émouvante aussi, toute seule à attendre.
Il n’y a pas que les modèles qui attendent. Quelle femme n’a jamais connu ça ?
Joann Sfar, je lui en veux un peu quand même parce qu’à cause de lui, l’Ado n°1 croit que dessinateur de génie, c’est un métier. Et voilà que le musée d’Orsay lui propose de passer deux mois avec les œuvres de l’exposition Bonnard. Résultat, une expo à lui aussi – déjà finie, désolée mes cuicui – et cet album étonnant.
Sfar, il ne peut pas s’empêcher de raconter une histoire, l’histoire d’une femme qui attend un homme qui ne viendra pas.
C’est poignant, l’espièglerie, la gravité du modèle.
Il m’est arrivé ça. Je voulais jouer, rire, mettre des couleurs qui disent comme la peinture est du côté de la vie. (…) À force de me crever les yeux à regarder mon modèle, j’ai trouvé le chagrin.
Je l’appelle monsieur Bonnard, Joann Sfar, Éditions Hazan, 2015.
NB : le titre de ce billet est tiré du texte de Joann Sfar publié dans le catalogue de l’expo du musée d’Orsay. Il y narre sa relation au peintre et l’aventure de cette immersion dans son univers. Eh oui, en plus, Sfar il écrit bien.
Bonnard, Guy Cogeval et Isabelle Cahn, Musée d’Orsay & Hazan, 2015.
Et toujours : Pierre Bonnard, peindre l’Arcadie, au musée d’Orsay à Paris, jusqu’au 19 juillet 2015.
Pourquoi un enfant de 5 ans n’aurait pas pu faire cela
14 avril 2015 § 9 Commentaires
L’art moderne est-il un jeu d’enfant, mes crevettes ? Eh bien non. Et il est grand temps de l’expliquer aux irréductibles malins encore capable de déclarer au détour d’une toile/sculpture/installation/etc qu’un enfant en aurait fait autant.
Susie Hodge prend le taureau par les cornes.
À travers 100 œuvres d’art moderne dont le point commun est d’avoir heurté critiques et public par leur apparent manque de sophistication artistique, elle nous introduit dans les subtilités de la création.
Écho d’évènements sociaux ou politiques, investigation émotionnelle, exploration des limites de l’art, chacune est étudiée, replacée dans son contexte historique et artistique.
Notre guide décrit l’approche de l’artiste, fournit anecdotes et informations, propose des exemples d’œuvres similaires. Et met les points sur les i en exposant pourquoi un enfant de 5 ans n’aurait pas pu faire cela.
Allez je vous taquine, je sais que vous savez.
Mais croyez moi, ce petit manuel peut se révéler fort utile quand votre ado accepte enfin de vous suivre à Beaubourg. Et vous demande de TOUT lui raconter.
Grâce à Suzie, vous avez le swag.
Comment ça, c’est de la triche ?
Pourquoi un enfant de 5 ans n’aurait pas pu faire cela, Susie Hodge, Marabout 2013
Chat cache-cache chez Bonnard
24 mars 2015 § 11 Commentaires
Je ne vous ai pas dit ? J’ai vu l’expo Bonnard. Miaou !
J’ai emmené l’Ado n°1, qui a trouvé ça waow. Sauf qu’il y avait trop de lumière pour ses mirettes. « Comme il fait déjà jour, » a-t-il constaté en clignant des yeux devant les tableaux.
Faut avouer que je l’ai tiré du lit avant l’heure réglementaire du lever à Adoland (13H), tout ça pour le traîner au musée d’Orsay. C’était chaud.
Figurez-vous que Bonnard avait prévu le coup : il a mis des chats partout. Des chats, des chiens, et même un perroquet ! (Il y avait aussi un monsieur en costume qui faisait les gros yeux à chaque fois que je gloussais.)
Nous avons donc brillamment surmonté l’épreuve de la visite avec ado en organisant une partie de chat-cache-cache endiablée. Le monsieur en costume a suivi l’opération d’un air furibond.
Évidemment j’ai vite gagné. Youplaboum. Comment ça, un perroquet ça compte pas pour dix chats ? Je fais ce que je veux, c’est moi qui ai inventé ce jeu je vous ferai dire.
Ça c’est gâté quand j’ai reconnu Fantômette, le chaton de ma copine Anne et que j’ai bondi de visiteur en visiteur pour propager cette fantastique nouvelle ! Lorsque j’ai atterri dans les bras du monsieur, il m’a flanquée à la porte. C’était le directeur de la sécurité.
L’ado a dit à son père qu’il n’irait plus jamais nulle part avec moi. M’en fous, j’ai gagné.
Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie. Foncez, c’est merveilleux.
Où ? Au musée d’Orsay.
Quand ? Jusqu’au 19 juillet 2015
Avec aussi le parcours-jeux organisé pour les enfants : Le paradis, c’est ici.
Pour les ados : Jours heureux. Et en famille : Voir la vie en couleurs.
Pierre et le loup selon Suzie
14 novembre 2014 § 6 Commentaires
Connaissez-vous ce film, mes pistils ?
Il est fantastique !
Bien que que le futur ado n°2 se soit fracassé le crâne sur la table basse en essayant d’aider le canard la première fois qu’il l’a vu, mais c’est une autre histoire.
C’est chouette d’avoir des enfants en bas âge, on peut se taper plein de films géniaux sans avoir à s’expliquer.
L’autre solution, c’est de se mettre à écrire pour les enfants. Du coup quand l’Auteur rentre du taf et vous surprend en plein Ratatouille, vous lui tenez la dragée haute : « Tu permets ? C’est pour mon boulot. » Pan dans les dents !
Alors ceux qui ont zéro excuse, je leur en sert une toute cuite : ce film a obtenu le grand prix du festival d’Annecy, et un oscar du meilleur court métrage d’animation.
Les films primés, ça marche bien avec la dragée haute.
Suzie Templeton a concocté cette pépite en stop motion, sans dialogue pour plus de… sauvagerie ?! Alors attention aux petits canetons, parce que ça fait un peu peur, et du chagrin aussi.
Je profite de ce billet pour lancer un appel : Suzie, mes enfants ont grandi, mais j’ai plein d’excuses pour regarder vos films en mangeant des dragées. Alors n’hésitez pas, envoyez la sauce !
PS : Si mes ados connaissent aujourd’hui un brin de musique classique, c’est bien grâce à vous et un point c’est tout. ❤
Pierre et le loup, un film de Suzie Templeton d’après l’œuvre de Prokofiev, Les films du préau 2009. À partir de pas tout petit, je dirais 7 ans pas avant.
Let’s draw happy people
3 septembre 2014 § 2 Commentaires
Tout est dans le titre, enfin pas le titre français parce que chez nous l’éditeur a eu la curieuse idée de supprimer le bonheur d’un gros coup de gomme.
On a vraiment un problème avec le bonheur par ici.
Mais passons.
Let’s draw happy people est devenu : Les personnages.
Et Let’s draw cute animals : Les animaux.
Ho les animaux ! C’est pas un peu fini d’être mignons ?
Il n’y a que Les plantes et les petites bêtes pour être restées fidèles à l’idée de départ (Let’s draw plants and small creatures). Merci les plantes, merci les petites bêtes.
À part ça, pareil. À l’intérieur, la chic Sachiko nous apprend toujours qu’il vaut mieux dessiner en chantant. À chaque dessin sa chanson, elle fournit même parfois les paroles. À nous d’inventer la musique. C’est joli, charmant, marrant… Et ça marche.
Enfin je vous confirmerai ça quand j’aurai de nouveau le droit de m’entrainer. Parce que là, la Police du Un-Peu-De-Silence-À-La-Fin m’a priée d’arrêter de gribouiller.
Ça m’énerve parce que je commençais vraiment à progresser en comédie musicale.
L’atelier de dessin Marabout, T1 Les personnages, T2 Les animaux, T3 Les plantes et les petites bêtes, Sachiko Umoto, Marabout 2011
À partir de 7 ans. Et aussi pour les grands qui ne perdent jamais une occasion de chanter à tue-tête en cherchant la petite bête.
And for happy people & cute animals :
Un point rouge
25 mars 2014 § Poster un commentaire
Ce livre est génial, je l’adore ! D’ailleurs David A. (comme Ah là là c’est d’enfer) Carter est un génie et je l’adore.
David Ah là là était déjà un as des livres pop-up quand il a visité avec sa fille une rétrospective Calder. Révélation ! il a compris qu’il pouvait lui aussi créer ses sculptures de papier de façon libre et spontanée, pour la joie de créer de l’art. Au papier blanc, il a ajouté du rouge, du noir, du jaune et du bleu.
Comme quoi, mes citrons, Calder agit toujours comme un révélateur. Moi c’était à 12 ans, j’ai décidé de devenir millionnaire, d’acheter une forêt et de suspendre ses mobiles à tous mes arbres. Mais après je me suis mise à écrire des livres et mon projet a été beaucoup contrarié par la radinerie des éditeurs.
En revanche David Ah là là a atteint son but.
À chaque page surgit une structure féérique dans laquelle se cache un point rouge. Parfois on le trouve vite, parfois il faut chercher. Les enfants adorent. Les parents aussi, sauf quand ils sèchent (je vous recommande la première double). C’est le fil rouge de ce drôle d’album pour apprendre à compter : une boite bizarre, deux demoiselles dansantes, six crécelles crissantes (elles crissent vraiment, c’est miaou), huit pompons de papier, neuf neuf noués… et un point rouge.
J’ai travaillé sur le livre qui deviendrait Un point rouge sur une période de six ans. Je me suis tellement amusé que je ne voulais pas le finir.
David Ah là là, je te comprends.
Un bonus track ici.
Un point rouge, David A. Carter, Gallimard jeunesse, 2005.
À partir de petit, si un plus grand aide à manipuler (ou on va tout retrouver éparpillé, par petits bouts, façon Puzzle).
Et aussi, pour les enfants en route vers le prix Nobel : 600 Black Spots du même auteur (Little Simon, 2007) pour compter jusqu’à 600… in English.
Ah là là David, on ne vous a pas encore dit que quand on aime on ne compte pas ?
L’araignée de Susumu Shingu
18 mars 2014 § Poster un commentaire
Mon amie Valentine est une chic fille. Quand elle vivait au Japon, elle me rapportait des livres pour les enfants. Un jour elle m’a offert cette merveille : Spider, de Susumu Shingu. Oui, Spider car cet album japonais est en version bilingue, on peut donc suivre le texte en japonanglais. Veinards ! J’ai failli vous refaire le coup de Little miss Austen.
En fait, je vous taquine car le livre se lit sans texte. Une phrase indique le temps de l’action (une soirée d’été), après quoi l’araignée tisse sa toile – piège auquel va se prendre sa proie dans la nuit… Pourtant, tout est calme au fil des pages, dont certaines en papier calque, délicates, créent un fragile effet de coucher puis de lever du soleil. Au matin, l’araignée va se reposer.
A hot day begins. The spider takes a long long nap till the evening.
Susumu Shingu est un artiste. Pas parce que les auteurs jeunesse sont des artistes et blabla (même si pour certains, c’est vrai – mais bon pas tous). Lui c’est un véritable artiste, un sculpteur. Son travail explore la Nature avec poésie, et rappelle à ses contemporains combien leur Terre est précieuse. La nuit de son araignée est un conte tranquille et minimaliste, où le drame se joue en silence mais dénoue les peurs. Depuis que je l’ai lu, je me suis calmée avec les araignées. (En plus, il paraît qu’elles ne nous mordent pas, on a la peau trop épaisse, c’est mon beau-père qui me l’a dit. Spiderman est un gros mytho.)
En cherchant l’illustration de cet article, qu’ai-je découvert ? Que ce livre a été publié en français chez Gallimard il y a belle lurette. Si je l’avais su plus tôt, je ne me serais pas autant fatiguée à apprendre le japonanglais.
Une chaude journée commence. L’araignée s’assoupit pour une longue, longue sieste jusqu’au soir.
L’araignée, Susumu Shingu, Gallimard Jeunesse – Hors série Giboulée, 2006
À partir de 3 ans. (Plus petits ils vont déchirer les calques, les enfants sont tellement méchants.)
Gustave Doré : l’imaginaire au pouvoir
9 mars 2014 § Poster un commentaire
Gustave Doré était un prodige ! Enfant surdoué et turbulent, à quinze ans il devient caricaturiste et subvient à dix-sept aux besoins de sa famille – installée dans une maison parisienne tout droit sortie d’un conte de fée. Autodidacte, il dessine, grave, sculpte et peint. Il plonge en littérature, réinvente Rabelais, Dante, Cervantez, Shakespeare, Hugo…
Ses fables de La Fontaine, ses contes de Perrault m’ont entrainée dans les forêts et les châteaux de mon enfance. Son monde merveilleux m’a offert des rêves – des cauchemars aussi. Et vous, souvenez vous… Il vous a pourvus, mes petits chats, de vos plus belles bottes, a campé l’ogre le plus terrible, le loup le plus inquiétant. Dans ses bois, ses brouillards et ses villes, Tim Burton, Roman Polanski, Terry Gillian s’aventurent encore. Et bien d’autres ! Ainsi cet hippogriffe, le reconnaîtrez vous ? Indice : aux dernières nouvelles, il survolait Poudlard.
L’exposition qui lui rend hommage au musée d’Orsay propose de petits inventaires filmés de ces illustres emprunteurs. Et à foison : peintures, gravures, sculptures, papier peint, carnets de dessins et même une lettre bilingue illustrée, découpée façon dentelle. Hip hip hip hourra pour le marquis de Carabas !
Gustave Doré : l’imaginaire au pouvoir, Musée d’Orsay, jusqu’au 11 mai – en bonus le clip de l’expo.
Pour se gustavedorer au sortir de l’exposition :
Ces Des-agréments d’un voyage d’agrément, réédité d’après l’édition de 1851. Le jeune Gustave Doré y explore l’art naissant de la BD, à travers le prisme de la satire. Ou le périple ébouriffé d’un couple de passementiers retraités, César et Vespasie Plumet, anti-héros partis à l’assaut des Alpes suisses, assistés du chien Azor et munis de vingt ans d’économie.
Des-agréments d’un voyage d’agrément, Gustave Doré, Éditions 2024, 2013
Et aussi, et aussi cet album époustouflant tout en gravures d’Albert Lemant, sorti à l’occasion de l’exposition… Où un petit Gustave, qui a décidément du mal à se lever pour aller à l’école, nous entraîne dans ses truculentes aventures en compagnie de Gargantua, du baron de Münchhausen, de don Quichotte ou du Chat botté, et d’une poule vert Véronèse qui n’est pas là par hasard.
Gustave dort, Albert Lemant, Musée d’Orsay / L’atelier du poisson soluble, 2014