Le swag

22 juin 2016 § 19 Commentaires

J’accompagne mon père chez son cardiologue. Cette crapule a déjà séché trois rendez-vous et comptait bien en faire une habitude.

Voyou séchant son dernier rendez-vous urgent !

Où papa Ébouriffé sèche un rendez-vous urgent !

Nous croisons un voisin dans la cour de l’immeuble. Échange de civilités. Le voisin pérore, raconte sa journée, ses exploits à vélo.

Voyou de père paradant dans la cour.

Où papa Ébouriffé rencontre un voisin gouleyant.

« Et où allez vous comme ça ? » s’intéresse-t-il enfin.

« Je vais à une réunion pour les jeunes centenaires ! » assène mon père.

Et toc ! (Notez l'oxymore hyper frime de papa Ébouriffé)

Et toc !

Silence impressionné. Mon père opère une sortie triomphale.

La sortie triomphale.

La sortie triomphale.

Sur le trottoir, je m’interroge : aurait-il perdu la boule ? (Ce vantard est loin d’être centenaire.)

Où l'Ébouriffée s'interroge en observant son père soudain ragaillardi.

Où l’Ébouriffée fixe le vantard avec inquiétude.

Soudain je remarque ses yeux qui pétillent. Il est ravi.

Quel cabot !

Toujours prêt à inventer une bêtise pour clouer le bec aux jeunots.

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Incroyable mais vrai

31 mai 2015 § 17 Commentaires

incroyable couvLe grand frère que j’avais quand j’étais petite au lieu du singe dont je rêvais était à Paris ces jours-ci.

Ça devient rare vu qu’il vit en Californie. Et apparemment, les Californiens, ils ont quasi zéro vacances.

En échange ils sont toujours super bronzés, vu que là-bas il fait tout le temps soleil, même quand c’est la nuit à Paris.

C’est mon frère qui l’a dit.

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Le singe de notre voisin avait mordu mon frère sans représailles de ma mère. Trop dar !

Au passage, et bien que j’ai parlé de lui à l’imparfait, je précise que mon grand frère est encore mon frère. C’est juste qu’il est moins grand.

Maintenant il a 3 ans de plus que moi. Alors qu’avant il avait le double ou le tiers de mon âge, ce qui était quand même ÉNORME.

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Quand il avait le double de mon âge, mon frère savait tout. TOUT !

Bref, nos retrouvailles m’ont rappelé ce livre. Quand je l’avais découvert, j’avais tellement pensé à lui !

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Aujourd’hui il est devenu spécialiste en The Big Bang Theorie et en pommes.

Éva Janikovszky (qui est un génie, d’ailleurs je suis pratiquement sûre qu’elle était une petite sœur autrefois pour être aussi géniale aujourd’hui) met en scène un grand frère expliquant à sa frangine comment ça marche, une famille. Forcément il lui révèle des trucs incroyables mais vrais. Que les adultes ont tous été enfants. Même oncle Ernest. Même la voisine. Que mamie est la maman de maman.

J’ai dit à Mimi : tu as vraiment de la chance d’avoir un frère aussi intelligent pour tout t’expliquer.

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Il s’y connait aussi en fabrication de nièces qui ont trop le swag…

Quand j’étais petite, mon grand frère à moi me racontait tout le temps des bobards. Qu’on avait marché sur la lune. Que la nuit mamie mettait sa bouche à tremper dans un verre d’eau. Que si j’appuyais sur le bouton de la télé avec un doigt préalablement fourré dans mon nez elle allait exploser. Que si je faisais pipi dans la piscine municipale ça laisserait une trainée vert fluo dans l’eau.

Je le soupçonnais de faire un peu son intéressant. Mais allez démêler le vrai du faux.

Et en me laisser gérer le cadeau de la fête des mères, crotte à la fin.

Et c’est le roi pour me laisser gérer le cadeau de la fête des mères, crotte à la fin.

Dans le doute, je n’ai jamais fait pipi dans une piscine municipale.

Que dans mon bain.

Incroyable mais vrai, Éva Janikovszky (texte) & Laszlo Réber (illus trop mortelles), La Joie de Lire, 2011

NB : comme d’habitude mes photos sont lamentables. Le livre est magnifique !

Pourquoi ma grand-mère tricote des histoires ?

25 juin 2014 § 2 Commentaires

grand mère couvMa grand-mère à moi tricotait des histoires et des écharpes. Ses écharpes étaient pleines de trous. Ses histoires aussi, surtout à la fin de sa vie. Mais quand on a une vie très longue, c’est un peu normal qu’une maille saute de temps en temps.

Qu’importe, elles étaient super ses histoires, surtout celle de l’escalade du Mont-Blanc en prévision de laquelle elle avait barboté le falzar de son frère… Mais je la raconterai une autre fois car la grand-mère de cet ouvrage n’est pas la mienne.

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Ma grand-mère avait le chic pour ébouriffer le vie. (© Aurélie Guillerey)

C’est celle de Georges-Emmanuel Clancier qui tricota chaque soir des fées, des sorcières, des ogres et des chevaliers dans l’imagination du futur écrivain, tout en recomptant les mailles de son tricot.

L’histoire qui les a unis ouvre ce délicieux recueil. Elle est si jolie qu’on se sent en la lisant pousser une écharpe autour du cœur : des amitiés pareilles, ça tient chaud, surtout quand elle unit grands-parents et petits-enfants..

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Mon cousin le caillou, ma sœur la libellule… (© Aurélie Guillerey)

Célia Gallice et Emmanuelle Leroyer ont eu une drôle d’idée : réunir des poèmes qui parlent de la famille. Papy, mamie, papa, maman, les enfants et leurs cousins, tout le monde est venu. De Tagore à Victor Hugo, Rimbaud et d’autres enchanteurs, elles tricotent leur recueil, une maille à l’endroit, une maille à l’envers, avec les pelotes du souvenir.

Fou rires, secrets, nostalgie, petits riens, goûters, nuits paisibles, la mort aussi…

Plus l’univers enchanté d’Aurélie Guillerey, qui prête son talent à cette tendre idée… Égale un merveilleux album à lire, relire et offrir à toute la famille.

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Incroyable ! Aurélie a copié le fauteuil de ma mémé. (© Aurélie Guillerey)

Une fois

le sommeil a surpris Grand-mère

avant qu’elle ne termine son récit

Nous avons attendu toute la nuit

que son sourire libère

le reste de l’histoire

Jean Elias

Pourquoi ma grand-mère tricote des histoires ?, une anthologie de poèmes choisis par Célia Gallice et Emmanuelle Leroyer, illustrations d’Aurélie Guillerey, Bayard jeunesse, 2012

Comme tous les poèmes, à n’importe quel âge.

3 femmes et un fantôme

11 avril 2014 § Poster un commentaire

3 femmes et un fantome couvPourquoi choisit-on un livre plutôt qu’un autre ? Dans ce cas précis, le mot fantôme n’est évidemment pas étranger à l’affaire.

Ai-je mentionné avoir déjà eu maille à partir avec un fantôme dans un château en Dordogne ? Pourtant je ne crois pas en eux. Toutes ces histoires, ce n’est pas sérieux.

D’ailleurs comment prendre au sérieux des créatures assez stupides pour apparaître à quelqu’un qui va leur rire au nez, vu qu’il ne croit pas en eux. (Vous me suivez ?)

Autant vous dire que la nuit de mon fantôme, j’ai bien ri. Et le lendemain matin j’ai plié bagage. À mon avis, les vacances sont faites pour se reposer, pas pour passer des heures à glousser à gorge déployée au nez d’un ectoplasme.

harold lloyd

L’ébouriffée riant au nez de son fantôme.

Pour en revenir à ce roman où le cocasse, à défaut du rire, surgit souvent, il y est beaucoup question de l’enfance et du lien maternel. Quant au fantôme, Irlande oblige, on ne se pose même pas la question de son existence, il est là, un point c’est tout. Et il joue un rôle émouvant, dans une mise en abîme générationnelle ingénieuse. Pour ne pas gâcher le plaisir, je dirai seulement qu’il forme avec les 3 femmes du titre une lignée fantasque – dont l’aînée est de beaucoup plus jeune que sa fille – réunie pour affronter une mort.

Elle s’endormait souvent en comptant les voitures. C’est pourquoi elle gardait ses rideaux ouverts. Et ce soir-là, c’était encore plus intéressant parce que la femme que Mary avait rencontrée dans la journée était assise dehors, sur l’appui de la fenêtre.

Le récit à quatre voix prend son temps. Le temps d’observer et de ressentir, de poser des questions inattendues ou longtemps retenues, d’écouter, de répondre, et de vivre des moments saugrenus (quand le fantôme, parti chercher une glace pour les trois autres dans une boutique fermée, ressort par la cheminée parce que les glaces, contrairement à lui, ne peuvent traverser la porte)… Roddy Doyle aborde avec humour, franchise et délicatesse des thèmes difficiles. L’amour qu’il porte à ses personnages ne le conduit pas forcément à leur faciliter la vie… Au moins rendra-t-il la mort plus douce.

Hé, les fantômes ! Si vous voulez me convaincre, la prochaine fois apportez des cornets pistache chocolat.

Je ne le répèterai pas !

Je ne le répèterai pas !

3 femmes et un fantôme, Roddy Doyle, Flammarion, 2013

À partir de 13 ans et jusque dans l’au delà.

Où suis-je ?

Entrées taguées famille sur les carnets de l'ébouriffée.

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