J’ai escaladé le Sommet des Dieux
14 mars 2014 § Poster un commentaire
1924, le Britannique Mallory et son compagnon de cordée Irvine disparaissent en gravissant l’Everest. Ont-ils atteint le Sommet du Monde avant de mourir ? Le Sommet des dieux, l’ébouriffante adaptation par Jirô Taniguchi du roman de Baku Yumemakura narre l’enquête menée en 1993 par Fukamashi, photographe passionné de montagne, pour résoudre ce mystère. Alors qu’il met la main sur l’appareil photo de Mallory, il se le fait dérober. Quel nigaud ! Un indice pareil, on ne le laisse pas traîner dans sa chambre d’hôtel, on le cache dans ses chaussettes ! Ses recherches le mènent sur les traces de l’énigmatique alpiniste Habu Jôji… Ta-da !
Depuis que j’ai dévoré les 5 tomes de ce manga, je me considère comme une experte es alpinisme. J’ai d’ailleurs ouvert des voies intrépides sur les lits superposés de mes enfants, jusqu’au jour où l’un d’eux, qui suivait mon exemple, a dévissé et s’est cassé la jambe. L’Auteur (je vis avec un auteur, c’est un homme sérieux) a brandi son badge de policier de la Montagne et interdit toute expédition sous peine d’amende (deux semaines de vaisselle).
Difficile d’exercer son expertise dans ces conditions, sauf lors de diners en ville où je clame volontiers mon projet d’en découdre un jour avec le K2. Pareille déclaration se fait en toute impunité, pour peu qu’on ait vérifié sur la liste des invités qu’aucun n’a passé son Premier Crampon ou son Piolet d’argent. Hélas, une jeune fille de ma connaissance, un peu ébouriffée sur les bords, m’a prise de court l’autre soir en me proposant d’escalader avec elle le sommet réputé invincible du Gymnase de Choisy. N’écoutant que mon audace (et un peu pour narguer la Police de la Montagne qui me fixait d’un air courroucé), j’ai accepté.
Voici comment je me suis retrouvée équipée de chaussures très laides sur les traces d’Habu Jôji (et de Sylvester Stallone mais c’est une autre histoire), accompagnée par l’enfant à la jambe cassée qui est désormais un adolescent et a très bien réparé sa jambe – comme il l’a vite prouvé en me doublant sous prétexte que je grimpe comme une limace. Mais je ne bave pas ! ai-je rétorqué vexée.
L’Ébouriffée à l’assaut de la paroi vertigineuse (7m) :
Le duel fascinant entre l’Ébouriffée et l’impitoyable attraction terrestre :
L’Ébouriffée face à son destin :
La dernière image de l’Ébouriffée avant sa disparition, elle venait de décider de se recycler dans le cyclisme :
Sans nouvelles de son Ébouriffée, la Police de la Montagne a écrit une lettre vibrante d’indignation à Jirô Taniguchi mais le génial mangaka ne parlant pas français, il y a peu de chance pour que la plainte aboutisse.
Le sommet des dieux, Jirô Taniguchi (d’après l’œuvre originale de Baku Yumemakura), 5 tomes, Kana, 2004-2005 // coffret intégrale, Kana, 2011
Une cerise sur mon gâteau ?