Incroyable mais vrai
31 mai 2015 § 17 Commentaires
Le grand frère que j’avais quand j’étais petite au lieu du singe dont je rêvais était à Paris ces jours-ci.
Ça devient rare vu qu’il vit en Californie. Et apparemment, les Californiens, ils ont quasi zéro vacances.
En échange ils sont toujours super bronzés, vu que là-bas il fait tout le temps soleil, même quand c’est la nuit à Paris.
C’est mon frère qui l’a dit.
Au passage, et bien que j’ai parlé de lui à l’imparfait, je précise que mon grand frère est encore mon frère. C’est juste qu’il est moins grand.
Maintenant il a 3 ans de plus que moi. Alors qu’avant il avait le double ou le tiers de mon âge, ce qui était quand même ÉNORME.
Bref, nos retrouvailles m’ont rappelé ce livre. Quand je l’avais découvert, j’avais tellement pensé à lui !
Éva Janikovszky (qui est un génie, d’ailleurs je suis pratiquement sûre qu’elle était une petite sœur autrefois pour être aussi géniale aujourd’hui) met en scène un grand frère expliquant à sa frangine comment ça marche, une famille. Forcément il lui révèle des trucs incroyables mais vrais. Que les adultes ont tous été enfants. Même oncle Ernest. Même la voisine. Que mamie est la maman de maman.
J’ai dit à Mimi : tu as vraiment de la chance d’avoir un frère aussi intelligent pour tout t’expliquer.
Quand j’étais petite, mon grand frère à moi me racontait tout le temps des bobards. Qu’on avait marché sur la lune. Que la nuit mamie mettait sa bouche à tremper dans un verre d’eau. Que si j’appuyais sur le bouton de la télé avec un doigt préalablement fourré dans mon nez elle allait exploser. Que si je faisais pipi dans la piscine municipale ça laisserait une trainée vert fluo dans l’eau.
Je le soupçonnais de faire un peu son intéressant. Mais allez démêler le vrai du faux.
Dans le doute, je n’ai jamais fait pipi dans une piscine municipale.
Que dans mon bain.
Incroyable mais vrai, Éva Janikovszky (texte) & Laszlo Réber (illus trop mortelles), La Joie de Lire, 2011
NB : comme d’habitude mes photos sont lamentables. Le livre est magnifique !
Virginia le loup
9 mars 2015 § 10 Commentaires
Virginia sombre dans une humeur noire, noire, noire et poilue, avec de grandes dents.
Virginia va si mal qu’elle se transforme en loup.
Un loup avec un gros chagrin. Malheureux, râleur, tyrannique.
Sa sœur Vanessa voudrait tant l’aider.
Mais comment l’emmener au pays des fleurs aux fruits dont rêve Virginia, s’il n’existe pas ?
Armée d’amour et de sa boîte à bricolage, Vanessa fabrique cet endroit parfait où Virginia pourra faire entrer ses histoires…

« Je suis les saisons, je le crois parfois, janvier, mai, novembre ; la boue, la brume, l’aurore. » (Les vagues)
J’ai fait entrer l’extérieur à l’intérieur. J’ai peint des pétales flottants qui avaient des airs de confettis. Ma sœur s’est assise dans son lit et m’a aidée.

« Il y a des arbres que j’aime ; le cerisier avec ses boules transparentes de gomme sur l’écorce… » (Les vagues)
C’est ainsi qu’imaginant Bloomsberry le pays des fleurs aux fruits, Vanessa sauve sa petite sœur Virginia d’une crise de mélancolie sauvage et dévastatrice.
Une histoire poétique, douce et puissante de Kyo Maclear, portée par les extraordinaires dessins d’Isabelle Arsenault – que je vénère comme chacun sait.
Virginia Wolf, Kyo Maclear (texte) & Isabelle Arsenault, Éditions de la Pastèque 2012
Y’a pas d’âge (pour se consoler d’un gros chagrin) !
Et aussi : Les Vagues, Virginia Woolf, traduit par Michel CUSIN, Gallimard, collection Folio Classique, 2012
Délicieuse présentation de l’album, en anglais :
Un Goûter en forêt
23 février 2015 § 13 Commentaires
Février, pour peu qu’il neige, le mois idéal pour un goûter en forêt.
J’en vois qui doutent dans le fond ?
C’est qu’ils n’ont pas encore lu ce délicieux album d’Akiko Miyakoshi.
Quand Kikko se réveille ce matin-là, tout est blanc dehors. Son père se met en route pour déblayer la neige devant la maison de Grand-Mère.
Comme certain petit chaperon, Kikko s’engouffre dans les bois un gâteau à la main. Quelle est cette silhouette qu’elle suit, croyant voir son papa ? Pas celle du grand méchant loup, ouf, mais le suspens est intense.
Une forêt ensorcelée où flotte le souvenir de Blondine et Beau Minon, des dessins au fusain et aux crayons de couleur, et un goûter enchanté encore plus fantastique qu’un thé chez le Chapelier fou…
Tout finit par un joli secret.
À feuilleter ici…
Un goûter en forêt, Akiko Miyakoshi, Syros 2011.
Dès 4 ans.
Madeline, 75 ans et toujours l’appendicite
18 février 2015 § 12 Commentaires
Madeline est une petite fille qui vit en pension à Paris, avec onze autres fillettes, sous la houlette de miss Clavel.
In an old house in Paris that was covered with vinesLived twelve little girls in two straight lines.
Pour rigoler, elle oblige les élèves à se balader la nuit.
En vrai elle est gentite comme disait autrefois le futur ado n°2. Et quand Madeline se fait opérer, elle emmène ses copines lui rendre visite.
Depuis 75 ans, ce livre fait rêver les enfants qui, comme moi, n’ont jamais eu l’appendicite.
Je n’ai pas eu non plus d’appareil dentaire malgré mes réclamations, contrairement à ma copine Hélène Mandale. Ni de points de suture comme Catherine Plumeau. Ni de plâtre malgré les innombrables cascades réalisées dans la grande descente du collège avec le skate de Sandrine Lebel qui, elle, en a eu deux (de plâtre). Moi qui rêvais de me distinguer.
Ok depuis je me suis consolée avec l’ado n°2 qui a mis un point d’honneur à nous faire visiter les urgences sous des prétextes fantaisistes allant de l’ingestion de billes à l’enfoncement crânien, en passant par l’écrabouillage de doigt, le pétage de nez, la fracture de tibia en biseau, l’élagage lingual, la dispersion dentale et 47 centimètres de raccommodages divers et variés.
Madeline, battue à plate couture.
Madeline, Ludwig Bemelmans, Penguin Young Readers Group 2014.
Dès les premiers rafistolages, vers 3 ans. In english. (Une édition française chez lutin poche de l’École des loisirs)
L’édition anniversaire vient avec un pop up de Paris tout kinou où la tour Eiffel s’est installée près de Notre Dame. Excellente idée si on considère le temps que les touristes souhaitant visiter ces deux monuments vont gagner en transport.
Le voyage de Pippo
23 janvier 2015 § 19 Commentaires
Pauvre Pippo, il ne sait plus rêver.
Pour s’endormir il compte les moutons.
Dans le troupeau bien duveteux, surgit une brebis.
Elle l’invite à partir en voyage à travers les saisons au pays des songes.
À chaque mois son paysage, sa rencontre, son rêve aux désirs enfouis mais chuchotés…
Partir, s’envoler loin, ou grandir jusqu’au ciel, aller au bal, attendre quelqu’un, retrouver un ami.
Avec Pippo, on ouvre grand son imagination pour contempler la nature, entendre ses murmures, réapprendre à rêver. Un album tendre et poétique qu’on ne veut plus lâcher quand on l’a attrapé.
Hey Pippo, t’as de beaux yeux, tu sais.
Le voyage de Pippo, Tome Satoe, éditions Nobi Nobi!, 2014
À partir de 4 ans…
Bonne nuit mon chéri
14 janvier 2015 § 8 Commentaires
Longtemps j’ai cherché le remède à mes insomnies.
Je l’ai trouvé en lisant cet album désopilant : il suffit de s’installer à côté d’un ours.
C’est tout bête.
Mais je n’y aurais pas pensé.
Et ça tombe bien, vu que j’ai un ours sous la main. Suivez mon regard.
Non, je ne fais pas allusion à la pilosité de l’Auteur, petits coquins, plutôt à son tempérament.
Vous allez me dire : oui mais quid du pourquoi du comment de l’ours à l’insomnie ? Bonne question.
Eh bien, mes petits cœurs au beurre, harceler son ours préféré constitue une alternative fort récréative à l’insomnie. Je n’en dirai pas plus, histoire de ne pas vous gâcher cette lecture.
Je me suis donc inspirée de Duck pour programmer des activités à partager avec mon ours dès la prochaine insomnie : rangement d’albums photos ; confection de pâte à tartiner aux noisettes bio ; partie de Cluedo ; course de relais avec traversée éclair des Tuileries ; danse des sept voiles devant la statue de Balzac ; baignade au clair de lune dans la fontaine Stravinsky.
Comme pour sa part, l’Auteur s’endort dès qu’il pose le citron sur l’oreiller, et d’ordinaire assez tôt, ça va lui changer la vie.
Bonne nuit mon chéri !
Goodnight already! Jory Jones (texte) & Benji Davies (illustrations), Harper Collins Children’s Books, 2015.
À partir de 4 ans, en anglais.
Bonjour chez vous
3 janvier 2015 § 12 Commentaires
Un jour on finit par rentrer à Paris, mes lapins germanopratins.
Et là, catastrophe, on voudrait être ailleurs.
Trop de bruit, trop de gens, trop de boutiques, trop de restau, trop d’ados qui veulent un nouveau téléphone en plus d’être collés pour tout le mois de janvier, trop de métro, de bus, de vélos, de musées, de boul’Mich, de sandwich, de macarons, de bidules, de machins et de perlimpinpin.
Le mieux, pour se sentir de nouveau chez soi, c’est un album sautillant, rempli de bonjours, avec quelques mercis : Everybody Bonjours!
Merci par-ci, bonjour par-là… Ces petits mots, il n’y en a jamais trop.
Ça change la vie, on est poli.
On dit bonjour à tout bout de champ…
Ce qui donne l’air un peu neuneu, mais rend tout so plus chou !
Everybody Bonjours, Leslie Kimmelman (texte) & Sarah McMenemy (illustrations), Dragonfly Books, 2008
À partir de 3 ans, et en anglais s’il vous plaît.
La petite caravane
20 novembre 2014 § 3 Commentaires
J’ai débuté avec un vélo rouge un peu cabossé, hérité de mon frère – comme tous mes jouets d’ailleurs (à part le mini fer à repasser dont la mamma estima l’usage strictement féminin).
Au début ce vélo avait des petites roues. Après non. C’est là que j’ai commencé ma collection de croûtes de genoux.
(Au fait, qui me dira pourquoi on a arrêté le Mercurochrome ? Un bon coup de rouge, ça vous remettait en selle après trois tonneaux dans le gravier.)
Dix ans plus tard, mon frère conduisait une voiture, ma copine Anne sa mobylette. Et moi… un autre vélo (bleu).
Par dépit, j’ai flanqué le solex d’Hélène Mandauch direct dans le fossé 3 minutes après qu’elle me l’ait prêté. (Cascade dédiée à Rémy Julienne.)
Ma première (et unique) voiture a perdu 2 portières en 15 jours.
Ensuite j’ai enchaîné… Maxi gamelle rue des Carmes bicoze rétropédalage… Coups de foudre avec le sol pour cause de canasson zinzin… Dézingage d’épaule par trahison de rollers.
Et depuis un bout de temps, rien à signaler. Tout le monde soufflait. J’allais à pieds. C’était doux.
Sauf que la semaine dernière, j’ai lu La petite caravane. Tellement chou que j’ai aussitôt décidé de la rejoindre. J’ai donc acheté un poisson rouge. Et un scooter, pardi, pour l’emmener voir l’océan !
J’aime autant vous prévenir, Édouard, l’Auteur n’est pas très content.
La petite caravane, Édouard Manceau, Tourbillon 2014
Un merveilleux album sans parole, cartonné et fourmillant de détails. Dès 2 ans, en voiture Simone !
Le livre mystère super effrayant
28 octobre 2014 § 4 Commentaires
J’aime bien les livres que je ne sais pas lire.
La faute à l’ado n°1, qui pêchait autrefois n’importe quoi dans les rayons étrangers de la bibliothèque municipale et imaginait l’histoire d’après les dessins. Ensuite il a appris l’alphabet et est devenu plus sélectif. Puis il a carrément cessé de lire, mais passons.
De mon côté j’étendais mon rayon d’action aux librairies étrangères de Paris et de partout ailleurs. (Avis aux amis voyageurs !)
J’ai donc fini par croiser ce bouquin.
Sa couverture est fantastique ! Et quel titre génial : O duchu, który się bał. En revanche j’ignore ce que ça signifie. Cet album est un vrai mystère. Déjà il m’a fallu trois ans pour deviner dans quelle langue il était publié.
J’adore ses illustrations et, pour autant que j’ai pu me la raconter, son histoire aussi.
La nuit est tombée. Les chauves-souris s’éparpillent au clair de lune. Dans la vieille maison au cœur de la forêt, Kruszynka et sa maman vont se coucher.
Mais… Un fantôme boude sous le lit, il y a deux vampires dans le grenier, un squelette dans le placard et un monstre à la cave, sans oublier la souris.
(Mamma mia, une souris !)
Jetez un chat dans l’aventure, ça fera du pataquès…
Car tout le monde a peur de quelque chose, même les monstres pardi !
Délicieusement effrayant…
O duchu, który się bał, Sanna Töringe (texte) & Kristina Digman (illustrations), Zakamarki, 2010.
À partir de 5 ans pour les iconophones. Et aussi en suédois, même si en polonais, ça le fait.
Sam et Tom, l’incroyable aventure
17 octobre 2014 § 4 Commentaires
Sam et Tom creusent un trou, bien décider à mettre au jour une merveille. Ça donne cet album parfait, simple et cocasse, aux jolies péripéties et à la chute spectaculaire.
Ils tournent évidemment autour, se séparent, se retrouvent, finissent dans une impasse.
Heureusement qu’un spécialiste en terrassement les accompagne et qu’il a un peu plus de nez ! Pas les mêmes ambitions toutefois.
Le texte est économe, le suspens d’enfer, les dessins adorables – ah les couleurs délicates de Jon Klassen.
Les plus observateurs liront cette histoire surréelle jusqu’au trognon de pomme… Je n’en dis pas plus.
Quant à ce trésor, je n’ai pas eu besoin de creuser bien loin pour le dénicher… en VO chez Galignani.
Mais cette fois, j’ai vérifié avant de vous en parler. Et ils sont trop fort chez Milan (wha, ok je fayotte un peu), ils ont déjà traduit la pépite.
Un vrai mode d’emploi pour l’aventure !
Sam et Tom, l’incroyable aventure, Mac Barnett (texte) & Jon Klassen (illustrations), Milan, 2014
À partir de 4 ans.
Et en bonus, les deux auteurs creusent leur trou eux aussi :