Chouette, Macbeth
16 mai 2014 § Poster un commentaire
Le théâtre du Soleil est né il y a 50 ans, Shakespeare 400 ans plus tôt, je vous laisse calculer. Ça fait deux beaux anniversaires qu’Ariane Mnouchkine célèbre avec sa version de Macbeth aka « la pièce écossaise. »
Mon ado number 2 dont la culture est tout à fait hirsute m’a expliqué que les comédiens ne prononcent jamais le titre de cette pièce, ça porte malheur. Ils ne disent pas : « Je joue dans Macbeth », mais « Je joue la pièce écossaise. » Heureusement ça ne vaut pas quand ils sont sur scène parce que ça ferait bizarre si, dans les dialogues, ils remplaçaient « Macbeth » qui est le nom du héros par « la pièce écossaise. » Déjà ça ne voudrait plus rien dire (« Digne pièce écossaise, nous attendons votre bon plaisir ! ») et le spectacle durerait une demi heure de plus, or il est déjà long.
Je ne me plains pas, c’est un enchantement. Mais aux dires de l’Auteur, quand on mesure 1m90, le temps passe plus lentement dès qu’on s’assoit sur les bancs de la Cartoucherie, un peu comme pour les chiens, il faut multiplier par 7.
On ne va pas contrarier l’Auteur, mais cette théorie est déjà très bizarre pour les chiens. Ceci étant, on n’est pas trop trop bien installé à La Cartoucherie. Il parait que c’est fait exprès. Comme à l’église. Risque d’assoupissement, néant.
Que dire de cette ébouriffante mise en scène sinon : emmenez vos ados ?! C’est the pièce pour eux. Jugez plutôt :
Primo ils ne mesurent pas encore 1m90.
Deuxio ils suivront facilement vu qu’ils connaissent l’histoire (cf Simpson, saison 20 épisode 20).
Troisiémo à l’entracte on mange super bien.
Je gage que ces arguments suffiront à convaincre les adolescents les plus molassons. Inutile d’évoquer la mise en scène héroïque et généreuse d’Ariane Mnouchkine, la musique qui anime ce monde poétique – lande tourmentée, château envoûté, forêt en marche –, le souffle de cette tragédie noire et lumineuse, la farouche énergie du chaos qui s’empare du plateau…
La sauvagerie de ce destin ensorcelé rétame Game Of Thrones, et dans les grandes largeurs.
La seule chose qui me chiffonne dans cette mise en scène, c’est que Lady Macbeth est nulle en chouette. Quand elle en entend une, elle croit que c’est un hibou. Non mais hou !
Macbeth, de William Shakespeare (nouvelle traduction d’Ariane Mnouchkine), au théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes – Paris 12e.
À partir de quand ils regardent Game of Thrones.
Une cerise sur mon gâteau ?