Ma fuite à moi des Plombs (de Venise)
2 mai 2014 § Poster un commentaire
Hier soir je regardais La nuit de Varennes, les écureuils. Enfin en partie seulement, parce qu’arrivé à la moitié l’Auteur a décidé qu’il était en train de s’endormir et on a tout éteint.
Il faut dire qu’avec la panne du lecteur dvd, on a largement perdu une heure sur notre timing avant que les ados passent par là et nous suggèrent d’éteindre et de rallumer l’engin, ce qui l’a tout à fait réparé.
Comme quoi, au lieu de prix Nobel, ils pourront toujours faire réparateurs.
Mais qu’est-ce que je disais ? Ah oui, Casanova…
Dans ce film, contrevenant à toute vérité historique, Ettore Scola introduit Casanova. Tu parles qu’en 1791, il avait autre chose à faire que cavaler sur les routes de France au trousses de Louis XVI, en séduisant Hanna Schygulla. En vrai, il était en Bohème à se les cailler au château de Dux où il rédigeait ses Mémoires.
En même temps, on est bien content, parce que c’est Mastroianni qui joue le rôle. Et Mastroianni on ne le revoit jamais assez.
Tout ça m’a rappelé que Treize Étrange republie le Casanova sous les plombs de Venise de Patrick Mallet, qui raconte avec brio l’emprisonnement de l’aventurier et sa célèbre évasion des geôles de Venise (surnommées les Plombs à cause de leur fichue toiture en plomb qui rendait tout glagla en hiver et caliente en été).
J’ai découvert cette BD après mon trente-douzième séjour dans la cité des doges, au cours duquel je me suis enfin décidée à visiter le Palais Ducal.
Là, j’ai fait la totale avec une conférencière complètement fofolle qui nous a mimé l’intégrale de l’évasion.
Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une histoire à base de messages secrets, de tige de fer, de bible et de macaronis au beurre, qui a failli tourner au zbeul dans l’impro la plus totale, mais s’est bien terminée grâce au sang froid de l’évadé.
Quand la conférencière, après nous avoir fait ramper dans la cellule fatale, a indiqué la sortie, j’étais tellement à fond sur cette histoire d’évasion que j’ai dit à l’Auteur : « Chiche que je me fais enfermer et que je m’évade cette nuit en secret moi aussi, passe moi l’Opinel. » L’Auteur m’a répondu : « T’es sûre ? Parce que tu risques de louper le dîner et j’ai réservé une table à l’Antiche Carampane. »
« OK, ai-je admis en lui rendant l’Opinel. Autant m’évader tout de suite. » Et je suis sortie avec les autres, ni vue ni connue.
Voilà comment je me suis, moi aussi, enfuie des Plombs de Venise.
J’ai bien fait parce que ce soir là, à l’Antiche Carampane, il y avait des crabes mous de la lagune en beignet et c’est pas tous les jours qu’on en mange.
Forte de mon expérience, dès mon retour à Paris j’ai décidé d’écrire une BD racontant l’évasion de Casanova. Mais crotte, Patrick Mallet l’avait déjà fait. Super bien en plus.
À la place j’ai cuisiné des macaronis et tout le monde était très content.
Casanova sous les plombs de Venise, Patrick Mallet, Treize Étrange, 2014 – feuilleter ici.
Histoire de ma Fuite des prisons de la République de Venise, Giacomo Casanova, Éditions Allia, 2014
La nuit de Varennes, Ettore Scola, 1982. Houlà ça nous rajeunit pas, déjà qu’on n’arrive plus le regarder en entier sans roupiller.
Aux amateurs de crabes mous de la lagune, je recommande l’Antiche Carampane – San Polo 1911, Venezia – dont le nom signifie à peu près « La vieille pute », ce qui est fort engageant.
Une cerise sur mon gâteau ?