Le rapetissement de Treehorn
28 avril 2014 § Poster un commentaire
Treehorn rétrécit, les mistons.
Et pas qu’un peu. Ses vêtements sont trop grands, il doit s’asseoir sur des coussins pour manger à table, il ne peut plus atteindre la boite aux lettres… C’est tout de même inquiétant. Quand on est un enfant, on est censé grandir.
Ses efforts pour alerter ses proches sur cet ennui de taille (ha ha) se heurtent à une incompréhension totale. Ses parents lui interdisent de rapetisser à table, le chauffeur de bus refuse de le reconnaître, la maîtresse le prie d’arrêter de se faire remarquer. Chaque adulte y va de ses recommandations aussi absurdes qu’inutiles, avant de se désintéresser du problème.
Quant à son copain Moshie, il trouve ça débile.
Il faut vraiment être débile pour en arriver là, dit Moshie. Tu fais toujours des trucs débiles, mais là c’est le truc le plus débile que j’ai jamais entendu.
Aucun doute, si Treehorn ne veut pas disparaître, il lui faut se débrouiller tout seul pour inverser le mouvement. Et ressortir son Grand Jeu Qui Fait Grandir Les Enfants (gagné grâce aux boîtes de céréales) pour finir la partie entamée quelques jours plus tôt.
Sa guérison aura des effets secondaires, mais Treehorn a acquis de l’expérience… Même si celle-ci semble un peu désabusée, elle est d’une infinie sagesse. Les grands sensibles comprendront.
Dans cette première aventure, Treehorn convoque le souvenir d’une certaine Alice au pays des Merveilles. Son pays à lui cultive plutôt le conformisme, toutefois les règles absurdes qui le régissent provoquent les mêmes effets d’humour. Digne et désespéré, le héros se heurte à l’indifférence générale et cette totale absence de communication qui sont, en somme, les grandes expériences de l’enfance.
Florence Parry Heide, l’auteur de ce livre extraordinaire paru pour la première fois en 1971, a vu le jour en Pennsylvanie, dans la ville de Punxsutawney, célèbre pour sa marmotte. On imagine fort bien Treehorn rapetisser dans un bled où Bill Murray manqua rester prisonnier d’Un jour sans fin.
Concernant l’illustrateur, le génial Edward Gorey, je ne vous apprendrai sans doute pas que sa mère a chanté La Marseillaise dans Casablanca ni que Tim Burton adore son univers. Mais saviez vous qu’il était fan de Buffy contre les vampires ? Comme toute personne de goût finalement.
Le rapetissement de Treehorn, Florence Parry Heide & Edward Gorey, Éditions Attila, 2009.
Indispensable dès 7 ans.
Une cerise sur mon gâteau ?